Léchiagat – 22 février 2014
La présentation du projet de port de plaisance qui nous a été faite par le SIVU hier soir, salle de Croas Malo, était d'un haut niveau de compétence technique et très rodé sur le plan de la communication.
Toutefois des impasses ont été faites sur des points importants et des questions de fond n'ont pas été résolues.
Il est évident que l’espace plaisance actuel, au sein du port de pêche, doit évoluer pour s’adapter à une nouvelle demande et à des besoins qui prennent aujourd’hui des formes nouvelles.
Mais entre ces nécessaires évolutions de l'espace plaisance et le colossal projet de port de plaisance qui nous est proposé, il y a une sérieuse différence !
A quel prix ?
Nous le savons maintenant :
- au prix de la destruction d’une zone naturelle humide, indispensable à l ‘écologie des espèces côtières,
- au prix de la destruction du pont, lien indispensable et quotidien entre les deux rives du port,
- au prix d’une remise en cause grave des équilibres sociaux de la commune. Un port de plaisance peut fortement transformer la population communale, avec des incidences sur la population scolaire, l’état des lieux immobilier, etc.
- au prix de 25 Millions € d’investissements. Et nous savons qu’il ne s’agit que d’une première estimation, et qu’elle ne tient pas compte notamment des compensations obligatoires liées au statut de zone humide de l’espace concerné.
Alors pourquoi faire ?
S’il est question de préparer l’avenir économique de nos deux communes, soyons sérieux. Au mieux un projet comme celui-ci peut générer une dizaine d'emplois directs.
Alors que dans le même temps, la filière pêche ici compte 400 marins et 4 fois plus d’emplois induits à terre.
Cette filière traverse aujourd'hui une crise grave, mais qui n'est pas définitive. Les atouts pour la sortie de crise sont nombreux, et en particulier ici, au port de Guilvinec-Treffiagat. Toutes les compétences économiques qui se penchent sur la question le disent.
Encore faut-il se donner les moyens de cette nécessaire évolution stratégique, commerciale, technique et humaine de la filière.
Quitte à mobiliser fortement des fonds publics, autant le faire sur l’accompagnement et la mutation de cette filière pêche et des centaines d’emplois qu’elle génère.
Curieusement, la présentation faite hier soir faisait l'impasse sur le port de pêche et la compatibilité entre les deux activités. Le conflit d'usage entre l'accès au port de plaisance et le traffic des bateaux de pêche manoeuvrant dans l'avant port n'a pas été mentionné. Mieux : les représentations visuelles faites du port de plaisance pouvait laisser penser qu'il avait un accès direct à la mer...
Nous avons, ici, à Treffiagat, au delà de la sauvegarde de la filière pêche, un autre défi à relever : celui de la protection de la dune et du cordon littoral. La dune est un élément majeur de l’identité de la commune, de son attractivité et de sa sécurité.
Il est très vraisemblable que sur ce chantier là, il faudra appeler lourdement des fonds publics, pour étudier puis mettre en œuvre progressivement des solutions durables.
Les 2 questions du port et de la dune ne sont d'ailleurs pas sans lien. Le sort de la dune et celui de l’étang de Léhan sont liés, l’étang et l’arrière port communiquent. Cette interconnection n'a pas non plus été évoquée hier soir : qu'adviendra-t'il de l'étang pendant les années de travaux envisagées dans l'arrière port ? Et qu'adviendra de l’arrière-port en cas de submersion marine à Léhan ?
Cerise sur le gâteau, quid de la station d’épuration qui, un peu plus loin, communique avec tout ce système et qui est situé en zone inondable ?
En résumé, pour notre liste, les enjeux principaux sur lesquels il faut aujourd’hui se mobiliser et investir pour l’avenir de notre commune sont :
- les nécessaires évolutions de la filière pêche,
- la protection contre le risque de submersion marine.
Le projet de port de plaisance risque de nous détourner, intellectuellement et financièrement, de ces enjeux prioritaires.
Les électeurs ont l’occasion en mars prochain, lors du scrutin municipal, de lui porter un coup d’arrêt définitif.
Jean-Christophe LE CLOAREC,
Pour la Liste I.C.I. « Innovation-Citoyenneté-Intégrité »,
Elections municipales de mars 2014 – Treffiagat-Léchiagat
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